"Bonjour, c'est pour confirmer que nous avons l'autorisation d'entrer
dans votre condo pour installer votre air climatisé."
"Diantre ! Enfin ! Depuis le temps que je l'attends depuis mon arrivée
à la fin juin. Juste à temps pour la fin des chaleurs d'été. Merci !"
C'est effectivement la demande que j'ai eu aujourd'hui, mais pas tout à fait
la réponse que j'ai donnée. Quoiqu'au fond de moi c'est exactement ce que je
pensais. C'est un retard qui pour moi est totalement inacceptable et ce
climatiseur aurait été plus qu'utile lorsqu'il a fait 40C avec humidex.
Malheureusement, je n'ai pas pu l'avoir et je vais devoir en profiter
uniquement que l'été prochain.
Cette situation m'amène à penser à un point soit : la valeur client ajoutée,
business value, ROI, etc.
C'est simple: pour moi, cet air climatisé avait de la valeur pour les mois
de juillet et août. Oh combien aurais-je été content et aurait abusé de cet
outil qui aurait comblé un besoin imminent. En septembre, ce besoin n'est plus
tout à fait d'actualité et l'importance en est moindre.
Qu'en est-il de nos clients avec qui nous développons des solutions ? Eux
aussi ont des besoins de ce genre et doivent constamment se river le nez à des
listes de priorités, des projets prioritaires au leur, des processus
d'approbation et autres délais qui font en sorte que leur valeur ajoutée s'en
voit diminuer; voir carrément annihiler.
Je me suis donc retrouvé dans la peau d'un de ces clients qui ne comprend
pas à quel point son besoin n'a pas été compris outre "Installez-moi
ça!". Cette valeur ajoutée est en effet le point le plus important dans
tout le projet. À la base c'est le "pourquoi", de cette
demande, son essence, sa raison d'être ou son "scope". Les requis de
cette demande ne sont pas reliés "installer l'unité de
climatisation", mais bien à cette valeur qui est de me rafraîchir au moment
où j'en ai besoin. En tant que client, je suis prêt à payer pour obtenir ce
produit pourvu que je puisse en bénéficier (ROI) dans le moment où je peux en
tirer le maximum.
C'est comme si les bonbons d'Halloween étaient disponibles en magasin en novembre
ou bien les sapins de Noël en février. On est bien content de les avoir, mais
vont-ils se vendre ? Probablement pas autant que les prévisions pour octobre et
décembre. Cette valeur ajoutée se doit d'être identifiée lors des projets, que ce soit
informatique ou non, et doit être communiquée à tous les acteurs nécessaires
pour la réalisation. Si, par exemple, un client à la possibilité de faire
comprendre cette valeur ajoutée à son analyste d'affaires, mais que cette
compréhension ne se rend pas jusqu'à l'équipe de développement et jusqu'au
membre qui code le morceau nécessaire, comment peut-on espérer livrer cette
valeur ajoutée et en tirer son plein potentiel ?
Impossible.
Il faut impérativement que cette valeur ajoutée soit communiquée, et
comprise, par les différents intervenants. Ne serait-ce que pour avoir
l'opportunité de négocier ce qui peut être livré en fonction de ce qui peut
offrir le plus de valeur possible tout en considérant les différents facteurs
qui pourraient empêcher la livraison complète. Je n'ai sûrement pas besoin
d'énumérer ce qui peut retarder un projet; la liste en serait trop longue,
malheureusement.
Cette valeur ajoutée est au coeur de plusieurs pratiques et si on se
concentre à rendre possible cette valeur, nous comprenons l'essence de ces
pratiques et on ne voit plus seulement des "buzz words" comme Agile,
Lean, Extreme Programming (XP), Kanban, Test-Driven-Development (TDD),
Acceptance-Test-Driven-Development (ATDD), Behaviour-Driven-Development (BDD),
etc.
L'un des points communs à tous ces pratiques/méthodes/outils est de
justement livrer au client un maximum de valeur ajoutée.