J'ai toujours eu la conviction que mes passions étaient interconnectées, mais ce n'est que récemment que j'en comprends vraiment tout le sens.
Je pratique l'aikido depuis plus de 14 ans maintenant, mais j'ai toujours laissé sur le tatami tout ce que j'y ai appris et je n'ai que très rarement appliqué les connaissances obtenues dans le reste de ma vie. Bien sûr, on peut comprendre qu'appliquer des techniques de combats au bureau n'est pas nécessairement un plus (pour une meilleure augmentation salariale peut-être?), mais c'est surtout la philosophie, l'enseignement, la maturité et le dépassement de soi que l'aikido m'apporte.
Pour pratiquer un art martial aussi longtemps, il faut de la persévérance. Ça prend du temps à maîtriser une technique et encore plus des dizaines, sans parler de leurs variantes et ensuite vient le temps de peaufiner les détails afin de ne plus forcer pour rien, d'utiliser le déséquilibre à son meilleur pour faire en sorte que chaque technique devienne "facile". Quand je prends le temps de regarder mon travail en informatique, c'est exactement le même chemin. Il a fallu "pratiquer" longtemps pour être à l'aise dans le code, de comprendre les différents problèmes, et ce de plus en plus complexe et ensuite développer des réflexes pour éviter d'être pris au piège. On pense ici à l'esquive qui est si importante en aikido (et autre art martial). On répète du code, on répète des analyses, on répète des façons de faire afin de devenir maître de son métier.
Bien que ce soit deux "activités" différentes, elles ont des bases identiques.
Ayant plus d'années d'aikido que de conseiller en informatique, je me retourne donc vers ces aptitudes que je développe déjà et qui vont m'aider à propulser le tout vers l'avant. Surtout que mon rôle en aikido évolue beaucoup du côté de l'enseignement, d'aider les autres à aller plus loin et, à travers eux, pousser mon propre entraînement afin d'aller un petit peu plus loin. Pour être en mesure d'enseigner un mouvement, il faut le connaître très bien. Et maintenant, dans mon rôle de conseiller, j'évolue vers un rôle de coaching où je laisse un peu plus de côté le code. Je deviens alors un sensei en dehors du tatami.
J'ai longtemps eu de la difficulté à accepter ce changement, mais lorsque je me retrouvais dans des situations de coaching d'équipe, j'ai toujours réussi à me débrouiller sans trop comprendre, mais quand on y pense, je donnais déjà des cours à 20 personnes à la fois, où personne n'a vraiment le même niveau et où je dois m'adapter constamment au groupe et faire en sorte qu'à la fin du cours les gens étaient heureux d'avoir participer à ce moment. C'est alors que je réalise que je dois transposer ça directement à une équipe de travail.
Personne n'a le même niveau dans une équipe. Personne ne comprend à la même vitesse, ni avec les mêmes mots. Il faut s'adapter, accepter que le groupe évolue à la vitesse de ceux qui sont présents et non à la vitesse que j'aimerais. Je suis là pour servir le groupe afin de leur transmettre mon expérience et de leur permettre d'aller plus loin.
Que ce soit un groupe d'analystes-programmeurs ou d'aikidoka, c'est pareil.
Alors maintenant, plutôt que de voir ces deux rôles de façon distincts, je dois les fusionner ensemble. Je vais tout de même me garder une gêne de ne pas faire faire des roulades sur le tapis du corridor aux analystes-programmeurs. Quoi que...